Les pollutions invisibles – quelles sont les vraies catastrophes écologiques ?

Par Frédéric Denhez.

Édition : changer d’ère

Éléments de réflexion du Livre :

Les pires pollutions sont celles qui sont invisibles celles qui s’inscrivent durablement dans les organismes vivants et les écosystèmes au point d’en changer les fonctionnements les plus intimes et provoquer des désordres irréversibles.

Ce livre reprend la réflexion de « Pandora’s poison » à savoir que les pollutions exceptionnelles comme les marées noires ne sont rien face à une pollution quotidienne protégée par des seuils fixés de façon à ce qu’il soit difficile de faire un lien entre un problème et une cause (des organochlorées à la baisse de la fertilité par exemple).

Un exemple flagrant pour nous mettre dans le bain :

Le naufrage de l’Erika (Décembre 1999) représente une flaque de 220.000 tonnes de brut classifié « fioul lourd numéro 2 », un mazout très collant et inodore.
Il y a différentes qualités de brut. Celui répandu lors du naufrage de l’Amoco Cadiz, repoussa la majorité de l’avifaune par son côté volatile et les émanations nauséabondes qui s’en dégageaient.
La nature du brut de l’Erika eu pour conséquence de tuer dix fois plus d’oiseaux, à savoir entre 80.000 et 150.000 volatiles hivernants du golf de Gascogne. A l’opposé étant très collant il s’est beaucoup moins dissout dans la mer que le fioul plus volatile de l’Amoco Cadiz, donnant une catastrophe largement moindre au niveau de la faune et la flore aquatique.

Nous consommons annuellement 3,5 milliards de tonnes de pétrole pour couvrir environ 70% de nos besoins énergétiques, industriels et chimiques. La moitié du pétrole est transportée par les océans, dans les cuves des pétroliers qui passent rarement le contrôle technique. 20% de ce pétrole est extrait en mer. Des plateformes et derricks s’échappent par an 6 millions de tonnes de pétrole, dont 1 million à cause du déballastage des cuves des pétroliers en haute mer. Les marées noires annuelles ne représentent que 2% de ce qui est répandu en mer ou 0.035% de ce qui est transporté.

Les marées noires et autres catastrophes exceptionnelles ne sont que les épiphénomènes d’une pollution journalière, permanente, qui fragilise jour après jour la structure de notre écosystème.

Depuis le début de l’air industrielle, l’océan mondial est contaminé par un brouet de centaines de milliers de molécules beaucoup plus toxique que le pire des pétroles. Il pollue. Jour après jour, chaque maillon de la chaîne alimentaire, dégradant et concentrant ainsi ses effets sur les êtres situés en haut de la chaîne alimentaire, nous.


Le but de ce livre est donc simple
, établir une réflexion sur la pollution, la vraie, celle qui pointe sur une vie à crédit sur celle de nos enfants.

Si une flaque visible et choquante d’un élément de la chimie industrielle n’est pas une grave pollution qu’elle est donc la pollution dont on doit se soucier ?

Redéfinissons d’abord le polluant.
C’est une substance chimique naturelle ou artificielle qui s’accumule dans les écosystèmes parce qu’elle a été émise à un rythme incompatible avec ce que les écosystèmes et la géophysique peuvent recycler. La pollution qui va réellement poser une inquiétude est celle qui s’accumule dans les milieux naturels et les tissus des êtres vivants, sans que l’on puisse facilement (hors recherche scientifique sérieuse) la déceler.

Comment définit-on la toxicité d’un produit de la chimie industrielle.

Rappelons que la toxicité est la capacité d’une molécule, d’un atome ou d’un produit à gêner le métabolisme d’un être vivant au point de déclencher des troubles physiologiques.

Tout d’abord la toxicité aigüe rapide violente.   Elle est responsable des effets immédiats, tel que la mort en quelques minutes.
Ensuite la toxicité subaigüe puis la toxicité chronique, celle dont traite le livre.
Elle met en valeur les effets d’une administration réitérée à long terme de doses trop faibles pour déclencher un effet immédiat. Elle donne une idée de la clandestinité des polluants, laquelle est, en pratique, la plus menaçante pour l’homme.


Comment mesurer l’effet sur l’environnement

Il est rigoureusement impossible de pratiquer des tests sur tous les maillons des chaînes alimentaires de tous les biotopes constituant l’ensemble des écosystèmes. Les écotoxicologues travaillent sur des modèles réduits, numériques et des espèces cibles. Ceux-ci utilisent des outils de mesures servant à rendre compte de l’innocuité ou de la dangerosité d’une substance :

  • Pour la Toxicité aiguë

Cl 50 (concentration létale médiane) : concentration dans l’eau ou l’air à partir de laquelle la moitié d’une population animale exposée meurt, après un temps de contact donné.

DL 50 (dose létale médiane) : Dose mortelle d’un produit directement ingéré.

  • Pour la Toxicité chronique

NOEL (no observed effect level) : taux de produits chimiques le plus élevé qui ne provoque pas dans la population animale étudiée de modifications distinctes de celles observées chez les animaux de contrôle.

NOAEL (no observed adverse effect level) : concentration la plus élevée d’un contaminant pour laquelle aucun effet toxique n’a jamais été mesuré.

  • Pour l’Ecotoxicité

CE 50 (concentration efficace médiane) : concentration causant un effet chez la moitié des individus exposés, après un temps d’exposition donné.

CL50 (concentration létale médiane) : dose causant un effet mortel chez la moitié des individus exposés, après un temps d’exposition donné.

CE 10 ou 20 : identique à la CE 50, mais pour 10 à 20% seulement des individus.

PNEC (concentration sans effets prévisible pour l’environnement) : valeur seuil des écosystèmes (eau douce, eau de mer, sédimentaire, terrestre, prédateurs…).

  • Les Valeurs sanitaires

VTR (valeurs toxicologiques de référence) : valeurs seuil de protection des personnes. En France, VME (valeur moyenne d’exposition), DJA (dose journalière acceptable), dose limites dans l’eau, l’air…

Les mesures sont faites en ppm (partie par million) ou ppb (partie par billion). La plupart des polluants ont des effets toxicologiques mesurables à des concentrations inférieures au ppb.

Remarque : Il faut rajouter à tout cela la problématique de l’accumulation des concentrations dans la chaîne alimentaire.

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Récit imaginaire d’une pollution permanente.

Parti de Dunkerque, un chimiquier gavé de lindane[1] fait route vers Bombay. Affrété par un géant pétrochimique français pour le compte d’un gros client américain, c’est un courtier britannique qui en a recruté l’armateur. Caché derrière une kyrielle de sociétés écrans enregistrées au Liberia, aux Bahamas et à malte, celui-ci a proposé ce bateau qu’il loue à l’année à un confrère. La gestion du navire est de la responsabilité d’une autre firme qui s’est occupée, il y a quinze ans, de le faire voguer sous le pavillon maltais. Pour assurer ce nouveau transport, cette société est allée chercher aux philippines l’équipage complet, via une filiale locale.

A quelques miles nautiques de l’île d’ascension, par 9 degré de latitude sud et 15 degré de longitude Ouest, sous l’équateur, les machines s’arrêtent, la mer s’emballe et le bateau coule. Le personnel est récupéré et l’affaire ne fait pas les gros titres de journaux occidentaux. Pas de marée noire, trop loin.

Lentement, les cuves de lindane gagnent le fond, à 2700 mètres sous la surface. Au bout de quelques jours, certaines éclatent sous la pression : le lindane, l’un des plus puissants insecticides organochlorés fabriqués par l’homme, s’échappe.

Insolubles, une bonne partie adhère au sédiment. Le reste envahit la colonne d’eau, s’accroche aux particules et au plancton. Vogue alors vers l’antarctique, embarqué par un énergique courant de fond. Adsorbé (accroché à la surface) sur la capsule calcaire des diatomées – algues brunes microscopiques-, il est bientôt ingéré par des dinoflagellés, de tous petits animaux qui servent ensuite de pâture aux crevettes euphausiacées. Des poissons prennent le relais, puis d’autres. Des phoques, ultérieurement, et un orque, qui passait par là. Dans ces eaux froides, la couche de graisse du cétacé est très épaisse. Le lindane s’y accumule. Pas pour longtemps : l’orque est femelle et vient d’être fécondée. L’embryon se développe lentement, nourri par le placenta de sa mère. Le lindane s’y accumule. Il embête les hormones qui s’occupent de bâtir le futur prédateur. Seize mois plus tard naît un bébé mal fichu : son pénis est là, mais atrophié ; ses canaux déférents n’arrivent pas au bout. Il ne pourra jamais se reproduire. Il est de toute façon incapable de téter correctement. A chaque tentative, sa mère et ses tantes lui montrent le chemin des mamelles et l’obligent ensuite à gagner la surface pour respirer. A sa quinzième goulée d’air, il commence à comprendre, mais il est soudain pris de chaleurs. Un virus s’est glissé dans ses poumons. Son corps réagit mal. Son cerveau est lent. Sa coordination motrice est mauvaise. A six mois, il meurt, ravagé par une infection.

Gonflé, son cadavre flotte. Partie de Madagascar, l’épave putride est bientôt attaquée par des charognards de tout bord. Portée par un fleuve marin, elle traverse le sud de l’océan indien. Ce qu’il en reste arrive sur les côtes nord-ouest de l’Australie. Une mouette picore un appétissant morceau de peau coincé dans les déchets du crâne, l’avale et, revenue à son nid, au sommet d’une falaise de Nullarbor, le régurgite à ses jeunes. Il restait un peu de graisse dessus. Le lindane passe dans les oisillons. Bientôt, ces juvéniles duveteux doivent s’émanciper. Ils se lancent pour leur premier envol, le réussissent et recommencent. Au cinquième, l’un des petits, pris dans une ascendance d’air chaud, s’épuise et tombe à l’eau. Il se noie. Réduit à l’état de particules alimentaires par les décomposeurs, il alimente une très fugace chaîne trophique. Un requin baleine ouvre sa gueule et avale un peu de ses résidus. Quelques microgrammes de graisse, et quelques picogrammes de lindane. Se faufilant entre les îles indonésiennes, il gagne la mer des philippines où il est pris en chasse. Harponné, mais pas vaincu, il se laisse porter par les courants et s’échoue sur l’ile japonaise d’Okinawa.

Le processus qui enrichit la vie recommence.

Aspiré par le courant d’air ascendant d’une dépression, il se retrouve à haute altitude, adsorbé sur une poussière. Là, poussé par un fort vent d’ouest, il retombe au sol, piégé par la neige. A nouveau évaporé par un léger vent, il passe dans l’eau. Plancton, poisson, truite pêcheur. Le lindane remonte une chaîne alimentaire. L’inuit fait cuire sa prise et balance au ruisseau les arrêtes encore enrobées de chair, qui terminent leur course dans l’estomac d’un phoque barbu. Croisant dans la mer de Beaufort, le pinnipède profite des courants qui le conduisent tout doucement dans la mer de Baffin. C’est le début de l’hiver, la banquise a commencé son embâcle. Voulant respirer dans un trou après une longue chasse, le phoque est violemment sorti de l’eau par la patte puissante d’une ourse blanche. Déchiqueté. Sa graisse et sa peau sont aussitôt englouties par la carnivore, pressée de faire des réserves avant la saison. Elle n’en aura pas le temps : un chasseur qui n’est pas même descendu de sa motoneige l’aligne et l’abat.

D’un jet de gaz, cet inuit du petit village de Broughton rejoint se prise puis sa maison. Les villageois dépiautent la bête, la mangent, et une mouette se saisit d’un bout de gras perdu avant de s’envoler. Au-dessus du détroit de Davis, le volatile laisse échapper son sanguinolent forfait. Avant même de tomber à l’eau, ce dernier est ballotté par le vent du nord-ouest qui lui arrache une bonne partie de son lindane. Sur l’atlantique, un autre vent, venu d’Amérique, pousse le pesticide jusqu’en Europe.

Sur Calais, Il pleut. Le poison choit, s’embourbe dans l’argile. Le soleil revient ; le terrain s’assèche, le lindane s’enfonce un peu plus. Il est avalé par un ver de terre. Arrive un tracteur et son outil de labourage. L’invertébré se retrouve ramené à la surface sans défense. Une grive qui passait par là le saisit et le gobe. Promptement digéré, le lombric laisse à l’oiseau un héritage empoisonné que se charge de récupérer un chasseur qui truffe de plomb la bête à plumes. Ce n’est pas spécialement légal, mais le Nemrod s’en moque. Vite rapportée au logis, la grive est déplumée, vidée et mise au congélateur. Quatre mois plus tard, elle sert d’entrée à un repas de famille. Grillée au barbecue, le lindane coincée sous la peau se transforme en dioxines. Qui s’élèvent, s’élèvent et entreprennent un long voyage.

Bien que cette histoire soit inventée, le professeur Frank Wania, du département de chimie de l’université de Toronto, a pu retracer un parcours semblable début 2004. Un des exemples phare qui peut permettre de comprendre l’interconnexion complète de la planète, est le nuage radio actif de Tchernobyl. Celui-ci, contrairement à ce que l’on pense, a fait le tour de l’hémisphère nord en une brève semaine.

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/!\ Idées importantes pour comprendre les parcours des polluants, voire de toute particule en général, au travers des flux d’air et d’eau sur le globe : Tapis roulant océanique, vases communiquant, courant de densité, force de Coriolis. Cellule de Hadley et cellule de ferrel.

Chaque jour, 1300 milliards de tonnes d’eau passe à l’état de vapeur. Cela représente 23% de l’énergie solaire qui touche notre planète. Cela donne un refroidissement de l’atmosphère et l’océan gagne en mouvement. Il tire ainsi prêt de 50% de sa force qui l’anime et maintient les climats.

Contamination aux métaux lourds.

Un jour, les chats se mirent à danser dans les rues, les têtes bringuebalants, le poil triste et l’œil fou. Trébuchants, nombreux se perdaient dans des convulsions brutalement figées par la mort. Comme si ils voulaient abréger leurs souffrances, d’autres achevaient leur pantomime[2] en tombant dans l’eau. Ensuite, ce fut le tour des oiseaux. Ils se cognaient contre les murs, s’emmêlaient dans les fils électriques et chutaient du ciel, incapables de contrôler leur vol. Quelques mois plus tard, les hommes qui, incrédules, ne comprenaient plus leurs animaux, perdirent leurs nerfs. Leurs articulations commencèrent à raidir dans des positions grotesques, très vite leurs doigts furent incapables de retenir les baguettes du repas, leurs lèvres devenues lourdes redirent leur élocution pâteuse, les gorges se mirent à pousser des cris involontaires, et puis leurs yeux semblèrent se rétrécir. Les pécheurs frappés par ce mal étrange ne furent plus capables de se tenir debout sur leurs bateaux, ni même d’enfiler leurs bottes. La débilité conquit lentement leur esprit. Sur cent vingt et un, quarante-six s’éteignirent. Une décennie après, des enfants difformes, mentalement retardées, virent le jour…

Cette histoire bien réelle s’est passée dans un port de pêche japonais nommé Minamata dans les années 50 à 70. (Pour la fin de l’histoire chercher sur un moteur de recherche : maladie de Minamata et photo du photographe Eugène Smith) et relate le cas de la contamination d’un village de pêche aux métaux lourds.

Les métaux lourds. Les plus connus sont le cadmium, le plomb, le zinc, le fer, le chrome, le mercure, le cuivre, l’étain[3]. Il faut rajouter à cette liste, les métalloïdes comme le chlore le fluor, l’arsenic, le sélénium.

Leur densité est supérieure à 5 (un pour l’eau – 1 litre = 1 kilogramme) et leur toxicité avérée. C’est leur capacité à facilement passer à l’état d’ion qui en fait des métaux toxiques.

C’est l’industrie qui permet cette pollution en utilisant le métal lui-même ou une de ses propriétés. On les retrouve dans l’air dans les rivières dans les sédiments.
Quand une usine ferme ses portes mais a pollué pendant très longtemps le site et ses alentours sont contaminés. Cette contamination passe dans l’oubli lorsque l’activité de l’usine s’arrête et que seul les murs témoignent de ce qui a été. L’état s’en préoccupe rarement. un peu plus quand les sites industriels sont en fonctionnement.
Ces sites dont on a oublié l’activité sont reconvertis, quand bien même avec un sol chargé ou des rivières ayant des sédiments toxiques.
-> Nous aurions ainsi 300.000 site à risque en France.

La gestion des métaux lourds est particulière car de leur utilisation à leur recyclage, ils peuvent partir dans la nature de façon gazeuse ou solide par négligence ou par déplacement (les déchets ne sont par exemple plus enfouis mais incinérés, ce qui ne fait que déplacer la pollution du sol à l’air).

Chacun de ses métaux a une toxicité différente, et ils ont différentes VMEs. Cependant ils se fixent tous dans les organes et le cerveau où ils en perturbent le fonctionnement (le plomb donne des anémies par exemple et se loge à 90% dans les os). Il est intéressant de savoir que 0,1 g d’arsenic sous sa forme trioxyde tue un homme en quelques heures. Celui-ci n’est pourtant, volontairement pas mesuré dans les eaux potables municipales.

Néanmoins il y existe une « pollution » naturelle dû aux métaux lourds qui sont contenues dans la croûte terrestre. Ils se révèlent par l’érosion des sols ou sont expulsés dans les airs par les volcans.
Elle est cependant sans comparaison sur celle produite par l’activité industrielle.
C’est là le vrai problème, l’activité humaine permet à une quantité bien de trop importante de métaux lourds de s’échapper dans la nature. La moitié du mercure qui va dans les eaux douces termine dans la mer chaque année. Il y a du mercure dans l’eau mais à des concentrations compatibles avec l’écosystème.

Un point important a noter est que l’on peut diagnostiquer l’état d’un écosystème et les diverses pollutions qu’il doit endurer en fonction des plantes (en notant celles qui peuvent y pousser de façon beaucoup plus aisée que d’autres) et des organismes marins (les vers sont les seuls à survivre dans les estuaires des fleuves pollués. Les moules véritables fossoyeurs apportent aussi par leur développement et leur teneur en métaux de précieuses informations sur le milieu).

Les métaux lourds sont partout, aussi bien dans le sol dans l’eau que dans la mer. Leur présence dans les airs a beaucoup diminué ceci dit. Ils restent néanmoins un fardeau biologique supplémentaire polluant toute la planète.
En ce sens, ils constituent autant pour nous que pour l’écosystème dans lequel on vit, une menace supplémentaire d’augmenter les statistiques de mort par cancer.

Un exemple de pollution outrancière française intéressante et permettant de rapprocher la pollution aux métaux lourds observée à Minamata, est le cas de la rivière de la Deûle du Pas-de-Calais.

Les solvants

Le scandale des éthylènes de glycol sur les femmes enceintes (affaire Roxane Naud), le laxisme du gouvernement français. La corruption de l’INRS.

Le solvant est un liquide capable de décomposer des corps chimiques. Uniquement ceux avec lesquels il peut établir des liaisons de faible énergie. Il ne se solubilise qu’avec les substances qui lui sont proches.

On peut donc classer les solvants en deux catégories : les polaires, qui n’ont pas froid aux atomes, mais ont un champ électrique élevé, et les apolaires dont la charge est quantité négligeable. Les premiers sont également protiques c’est-à-dire qu’ils peuvent échanger des protons (les atomes d’hydrogène), alors que les seconds sont aprotiques. Les premiers dissolvent des molécules polaires et protiques, les seconds des molécules apolaires et aprotiques. L’eau, polaire et protique, est donc en mesure de décomposer les sels (sulfates, chlorures…), les acides aminés, les sucres, les alcools et les acides inorganiques (sans carbone). Elle ne peut pas, en revanche, dissoudre ces vilains apolaires que sont les molécules hydrophobes, tels que les lipides, les détergents ou les savons. Dans l’eau, ces molécules forment pour cette raison des « yeux » (irisations- une couche non miscible à la surface du liquide). Elles sont en revanche solubles dans les solvants apolaires qui sont, eux, parfaitement lipophiles. Ce sont essentiellement des dérivés du pétrole. Trichloroéthylène, perchloréthylène, hexane, dichlorométhane et nos éthers de glycol.

Le reste du Livre

Le livre traite aussi des organochlorées, sujet débattu dans « pandora’s poison » de façon plus aboutie. Du laisser-aller concernant les industriels qui ne pensent qu’à faire pépette avec à chaque fois le même choix clair pour eux.
Soit ils investissent pour passer au « vert » soit si c’est plus valable, ils délocalisent.

Le projet Européen REACH (registration, evaluation, authorization of chemicals) si il réussit à aboutir sans se faire transformer par du lobbyiste en herbe doit permettre de faire la différence, par un premier pas.

REACH c’est d’abord l’inversion de la charge des preuves : Ce ne sera plus au pollué mais au pollueur de prouver sa bonne foi. Il tient aussi compte de la persistance dans l’environnement, de la biomagnification[4] et de l’impact de très faibles doses. Toutes les données récupérées seraient stockées dans une seule agence. L’analyse des 10.000 molécules connues étant impossible, celle-ci commencera par celles pour lesquels, on soupçonne le plus un risque pour la santé (exemple : les CMR, cancérigènes mutagènes reprotoxiques).

[1] Variété de l’hexachlorocyclohexane.

[2] La pantomime est un spectacle généralement accompagné de musique, basé sur le moyen d’expression de l’art du mime. Contrairement au ballet qui peut être abstrait et ne faire appel qu’aux figures de la danse pure, la pantomime est obligatoirement narrative.

[3] organostanique dont le tbt, l’étain ne devient très toxique que lorsqu’il est dans l’eau, 1g pollue un million de m3 D’eau

[4] La biomagnification est évaluée par le facteur de transfert, c’est-à-dire le rapport entre la concentration d’un polluant dans un niveau alimentaire donné (le plancton animal par exemple) et celle d’un échelon directement inférieur (le plancton végétal). Ce facteur fondamental en toxicologie de l’environnement montre que le taux d’un polluant s’accroit au fur et à mesure qu’il remontre les maillons des chaines alimentaires.