France, Poubelle Nucleaire

Auteur : Perline

Préface : Daniel Cohn-Bendit

Editeur : Raymond castells editions

Elément de réflexion du Livre :

Attente : Dans notre quête de savoir sur la pollution. Nous nous intéressons à la plus dangereuse et à la plus durable.

Du cœur des réacteurs aux déchets de mines d’uranium. Des conséquences de la bombe atomique aux rejets dit normaux de nos usines nucléaires, les pollutions radioactives se sont développées progressivement.
Et pour la gestion des déchets, les techniciens suivis des politiques ont dû se rendre à l’évidence : la science ne trouvera pas de solutions.
C’est un gestion raisonnée qui devra/aurait dû s’imposer.

Ce livre comme son titre l’indique, se concentre en grande partie sur la gestion des déchets nucléaires produits par les usines. On verra notamment comment le CEA et la COGEMA ont, avec intégrité et talent, gérer le stockage et la recherche au mépris du profit. Ou comment la péninsule italienne a donner lieu, pour la mafia, à un trafic très juteux de déversement de déchets internationaux radioactifs en mer.

Sigles important :

  • ACRO : Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’ouest, laboratoire indépendant.
  • ADEME : Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie
  • AEA : Atomic energy authority ( Royaume Uni)
  • AEN : Agence pour l’énergie nucléaire
  • AIEA : Agence internationale de l’énergie atomique
  • ANDRA : Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs. Elle dépendait du CEA, devenu maintenant indépendante. Elle dépend à présent du ministère de la recherche.
  • CEA : Commissariat à l’énergie atomique
  • COGEMA : Compagnie générale des matières nucléaires
  • CRIIRAD : Commission de recherche et d’informations indépendantes sur la radioactivité
  • ENRESA : Empresa nacinal de residuos radioactivos (Espagne)
  • ENS : Société nucléaire Européenne
  • EPA : Environnemental protection agency
  • IPSN : Institut de protection et de sureté nucléaire, dépend du commissariat à l’énergie atomique
  • NAGRA : Nationale genossenschaft für die lagerung rodioaktiver abfälle (Allemagne)
  • NCPR : Nationale Council on radiation protection (Royaume Uni)
  • NIREX : Nuclear industry radioactive waste executive ( Royaume Uni)
  • RERF : Radiation effects research foundation (US)
  • UNSCEAR : United Nations Scientific Committee on the effects of Atomic Radiation

La loi numéro 91-1381 du 30 décembre 1991 : C’est la loi sur les déchets radioactifs. Elle ne concerne que ceux à haute activité ou à vie longue appelées catégorie C.
Elle concerne surtout le cœur des réacteurs avant et après retraitement.
Trois types de recherches sont envisagées pour le stockage et toutes visent le stockage à long terme. Un stockage qui prendrait place dans des formations géologiques profondes tenant compte d’une amélioration du conditionnement des déchets pour de l’entreposage longue durée.

« Quand j’étais étudiante, ingénieure physicienne, les brochures sur papier glacé couleur, présentaient toujours les circuits des centrales nucléaires étanches, avec impossibilité de fuite. Tout restait toujours circonscrit à l’intérieur de la belle machine. Les temps ont changé, j’ai vieilli et maintenant les discours officiels se vantent de ce que les rejets « en fonctionnement normal » d’effluents radioactifs liquides et gazeux ne dépassent pas les arrêtes d’autorisation de rejet. Autorisations par ailleurs suggérées par les exploitants.
En d’autre termes pour les manipulateurs de produits radioactifs, la terre n’est qu’une immense poubelle radioactive, admissible puisque « on ne pollue pas pour l’éternité en balançant des déchets radioactifs », on ne fait que rejeter des effluents radioactifs en ne dépassant pas les limites annuelles. »

L’extraction d’uranium

L’extraction d’uranium du sol dans les mines est faite sans prise en compte des déchets. Ces déchets, débarrassés chimiquement de l’uranium, sont les résidus non désirés. Ils contiennent environ 100 g d’uranium par tonne de minerais, et, bien entendu, tous les autres composants radioactifs ou non (dont le thorium 234 et 230 ainsi que le protactinium 234, les activités de ces matériaux sont équivalentes à l’uranium mais à un poids bien inférieur). La COGEMA les considère comme des résidus naturels, donc ne devant être traités, bien qu’il garde 85% de leur radioactivité initiale. De sous-terre elle va pouvoir s’exprimer en poussière au gré du vent et des précipitations.

Les déchets sont produits en très grandes quantités et leur appellation naturelle fait économiser beaucoup d’argent à la COGEMA.
Réutilisés dans les remblais, on va parler de valorisation des déchets. Le radon est le premier vecteur de radioactivité des résidus miniers. Les sites principaux d’extraction sont au Gabon et dans le nord du Canada à Saskatchewan. En France existe 50.000 tonnes de ces résidus (on exclut de cette mesure les « stériles » c’est-à-dire les roches qui entouraient et protégeraient contre la radioactivité)[1].

L’uranium appauvri.

Lorsqu’on enrichi de l’uranium, c’est-à-dire qu’on concentre l’uranium en son isotope qui fissionne, l’uranium 235, soit pour faire des bombes, soit pour le cœur d’un réacteur (3 à 5 %), il reste de l’uranium dit appauvri.
On produit environ 5 fois plus d’uranium appauvri que d’enrichi. Cet uranium appauvri comme le minerai d’origine, est constitué pour plus de 99% d’U238 dont la période est de 4,5 milliards dannées.
-> C’est un déchet à la vie longue et étant une petite source de radioactivité.

Rappelons que l’uranium a une très forte densité, une grande capacité de pénétration, il est de plus spontanément inflammable quand il est réduit en poussière.

Ce déchet, représentant 1,2 million de tonnes de par le monde.
Il a été notamment vendu aux fabricants d’armes pour le blindage des chars et comme matériau dans la composition des balles.

La première utilisation de ce matériel irradié fut lors de la première guerre en Irak.

Si le premier résultat, c’est avant tout une irradiation des soldats américains, c’est aussi et nécessairement, une poussière radioactive à respirer pour les habitants et pour une durée proche de l’éternité (sol, air, problème santé et reproduction, facteur tératogène).
Il faut rajouter à ce problème de radioactivité, les problèmes inéhérents aux métaux lourds. Et comme il se consume facilement, il se retrouve très facilement dans l’air sous forme de poussières.

De la bonne gestion des déchets nucléaires civiles

Le démantèlement d’une usine nucléaire génère de grandes quantités de gravats et de métaux dits très faiblement radioactifs. Pour la France, les producteurs prévoient 1,6 million de tonnes au cours des 50 prochaines années.
On se rend compte à quel point un seuil en dessous duquel ces déchets seraient, juridiquement, considérées comme non radioactifs, allégerait le poids financier de leur gestion. Ils pourraient alors répartir leur radioactivité chez le grand public. Noyant les conséquences sanitaires au travers du grand nombre d’individus touchés.
Les doses de radioactivités se cumulent. Mais les conséquences sont statistiques. Et c’est justement parce qu’on sait qu’il est très difficile de prouver l’origine d’une maladie chez une victime que le choix de disséminer la radioactivité a tout son sens.
Les conséquences sont en tout les cas bien réelles, une augmentation prévisible du nombre de cancers, de maladies génétiques, de baisses de défense immunitaires, etc…

Les déchets nucléaires considérés comme naturels ou tout simplement non considérés comme radioactifs sont réutilisables sans restriction, dans le domaine public :

  • Béton armé,
  • isolant pour les constructions, irradiant en permanence les habitants et passants ;
  • ou casserole, voir fourchette, ou même stérilet. 

-> Aucune limite autre que technique existe dans l’utilisation de ce métal radioactif puisqu’il n’est pas considéré comme tel.

Le radium est maintenant considéré comme l’un des déchets les plus disséminés et importants à récupérer.
Mais ce n’est que dans la version de 1997 de son inventaire, que l’ANDRA a répertorié environ 80 sites, potentiellement pollués au radium, dont seulement 15 avaient fait l’objet de vérification par l’inspection des sites classés l’année suivante (11 ont été effectivement déclarés pollués).

Le tritium se forme lors de certaines fissions de l’uranium ou, plus fréquemment, du plutonium. Il se dégage essentiellement sous forme aqueuse.
Formé de trois atomes d’hydrogène il est très difficile à capturer, et comme de solutions techniques il n’y a point, c’est au travers de choix politique que le traitement se fit. 
-> Une autorisation de rejets fut donc établi, non pas en fonction de la réalité sanitaire, mais de l’impossibilité technologique d’en disposer.
Le tritium est donc quasiment intégralement rejeté en mer. L’estampiller « effluent » au lieu de déchet permet à la COGEMA de ne pas respecter les conventions internationales, d’interdiction de rejet de déchets radioactifs en mer, en toute légalité.

Indispensable à l’armement nucléaire et à la fusion, difficile à stocker, l’entretien des bombes obligent à sa fabrication permanente, donc à une pollution sans cesse renouvelée.
Très soluble dans l’eau, dont les corps vivants sont abondamment composés, sa participation à la contamination et l’irradiation des populations est une fois de plus un élément d’inquiétude.

Les déchets nucléaires militaires [2]

Pour ses essais nucléaires, la France a emprunté les atolls de Mururoa et de Fangataufa au gouvernement polynésien en précisant que cela se ferait

« sans dédommagement ni réparation d’aucune sorte ».

La France a été effectué là-bas 193 essais nucléaires. L’AIEA parle de fuite de tritium, de présence d’américium, césium 137 et de huit kilogrammes de plutonium dans les lagons de Mururoa.
-> elle conclut cependant à l’absence de conséquences néfastes et l’inutilité de surveillance dans le futur

Scandale sanitaire

Le transport de déchet par le train

La COGEMA opérait des transports de matières radioactives dans des wagons SNCF qui devinrent contaminés (on a mesuré jusqu’à 500 fois le taux autorisé).
l’alerte vint d’un média allemand, la chaîne ARD en mai 1998. Ce transport de déchets vers la Hague (centre de traitement des déchets) venaient de la centrale de Gravelines.
Cette contamination des wagons étaient un élément connu de la COGEMA et d’EDF depuis le début des années 90. Il était cachée.
A l’époque, Jean François Lacronique (président du conseil d’administration de l’OPRI depuis 1996) prit le risque de s’attirer l’ire des nucléocrates (dont la quasi raison d’état qui les protège, influence les médias et l’état) en indiquant la présence d’un risque.
Ce qui était un avis à l’opposé de son service, lui, indiquant que quelle que soient les radiations émises par ces wagons, elles étaient systématiquement qualifiées de « sans conséquence pour la santé ».

-> C’est alors que la direction générale de la santé, dont il dépend, donna peu de temps après « le certificat de qualification technique » à la CRII-RAD [3] une commission de recherche indépendante.
-> Cela a cassé le monopole sans concurrence de la SCPRI puis de l’OPRI en mettant à risque leur dénégation systématique du risque.

EDF révélera que grâce à des appareils plus performants fut trouvés :

« dans 1% des cas des traces de contamination, sur des vêtements… ces traces n’ont aucun effet sanitaire ».

Une fois de plus, il s’agit d’un mensonge car toute irradiation comporte un risque sanitaire, irrémédiable. Toute dose de radiation, aussi faible soit elle, en augmente le risque.

Résumons les faits :

  • La COGEMA transfert des déchets par trains,
  • les wagons deviennent contaminés par leur contenu.
  • Le personnel SNCF n’est pas tenu au courant de la radioactivité auquel ils sont soumis.
  • La découverte par le public de ces faits obligea le gouvernement à prendre des sanctions appropriés.

Et en effet le gouvernement annonça que

« les compagnies nucléaires sont suffisamment punies par l’atteinte à leur image due à la couverture médiatique »

L’accident de Kychtym en Oural de 1957[4].

Il concerne une explosion survenu dans l’Oural le 29 septembre 1957.
Une explosion de 2 millions de curie (tchernobyl : 2,5 millions de curies au césium 137et strontium 90) dont la cause serait un stockage hasardeux de déchets radioactifs.
La parution de l’article dans la prestigieuse revue New Scientist est accueillie par de très nombreuses critiques qui l’obligent à faire des recherches poussées en Russie.
Le nom officiel du site était Tchéliabinsk-40 à 15 km de Kychtym dans le sud de l’Oural. Premier complexe à produire du plutonium en Russie.
-> Le nuage suite à l’explosion survola une zone peuplée de 250.000 personnes.

Bien que dramatique, ce n’est pas ce qui est le plus dangereux. En effet, sur le site existe une pollution moins spectaculaire, plus discrète mais toute aussi mortelle.
Jusqu’en 1951 les déchets hautement radioactifs étaient jetés directement dans la rivière de Techa.
Celle-ci se déverse dans Le lac Karachay, qui lui-même se déverse directement dans la mer.
Ce lac a accumulé 120 millions de curies de Césium 137 et strontium 90. Après l’ouverture à l’Est l’autorité de régulation russe le Gostomonadzor, a considéré que l’usine de retraitement du complexe Mayak était potentiellement catastrophique.
Le lac Karachay contient maintenant une nappe radioactive de 5 millions de m3.
L’arctique et la Sibérie seront contaminés dans moins de 10 ans (livre publié en 1999).

En France, ce scandale a été totalement étouffé pour éviter une publicité négative sur le nucléaire.
-> Cela montre une parfaite connivence de l’état, des médias et des nucléocrates.

Différents scandales de fuites de centrales Nucléaires

Les accidents nucléaires des centrales sont rarement mis en avant par les gouvernements ou les médias.

Au Royaume-Uni Le 10 octobre 1957, un incendie dans un réacteur servant à faire du plutonium relâche 20.000 Ci ou Curies d’iode radioactif.
Janvier 1987 en Allemagne, 1 an après Tchernobyl, un accident dans une centrale entraîne la contamination de 300 travailleurs.
L’usine de retraitement de Rocky Flats, aux Etats-Unis, comprend 29 cheminées qui rejettent des gaz et particules radioactives, surtout du plutonium. En 1957, une explosion souffla plus de 600 filtres industriels dans la seule cheminée principale : quatre ans de plutonium et d’uranium accumulés dans le système de filtration se répandirent au gré du vent. La région de Denver fut survolée par un nuage pendant une douzaine d’heures. Une étude a montré l’existence d’un « excès » de 16% pour l’ensemble des cancers.
En France en 1998 une fuite du liquide primaire (celui qui refroidit directement le cœur du réacteur) dans l’usine de Civaux provoque la sortie de 300 m3 d’eau radioactive.

Les indigènes, premiers sacrifiés au nucléaire

Les esquimaux Inuits de Point Hope, au nord-est de l’Alaska, ont découvert que l’état fédéral avait enfoui, en 1962, 15.000 tonnes de déchets et terre radioactifs près de leur village. Le nombre anormalement élevé de cancers chez eux qui ne se nourrissent que de chasse et de pèche était, naturellement, attribué au tabac et à leur type de vie.
A Taiwan ce sont les YAMI de Orchid island qui supportent un dépôt de déchets radioactifs, taïwanais.

Les premiers avoir été victimes de l’industrie nucléaire sont les indiens Dene dans les territoires du nord-ouest du Canada, juste sous le cercle arctique.
De 1942 à 1960, on les a utilisé pour travailler dans la première mine d’uranium. Ils travaillaient 12 heures par jour, 6 jours par semaine sur quatre mois de l’année. Leur salaire journalier était de 3 $Cn par jour, et leur tache était de transporter des sacs de 45 kg de minerai radioactif. Leur communauté fut meurtrie de voir ses travailleurs décimés par des cancers radio-induits.
Les 1,7 million de tonnes de déchets, radioactifs et métaux lourds, se sont répandus dans le Great Bear Lake. Le département des mines canadien savait dès 1932 les dangers de l’ingestion de poussières radioactives, C’est pour cela qu’il surveillait de près les travailleurs des laboratoires qui manipulaient des échantillons de radium mais pas les indiens.

Les français excavent leur uranium du Gabon, mais aussi du nord de la province du Saskatchewan au canada, et en Australie, chez les Mirrar Gundjehmi à jabiluka, au cœur d’un parc national.
Le stockage en France existe dans le Limousin près des mines, dans la Vienne, la Meuse ou le Gard.

Adapter les normes à ses déchets

Le cas des déchets de l’armée américaine

Si la France conserve tous ses « épandages » de déchets radioactifs secrets, leur localisation et nombre sont à l’inverse facilement accessible aux États-Unis.
C’est ainsi que l’on peut se rendre compte des conditions d’enfouissement très précaires des déchets militaires.
On peut aussi se rendre compte que la contamination des sols s’étend sur une volume compris entre 100 et 200 millions de m3 et que plus de 2 millions de millions de litres d’eau sont contaminés.
-> Le coût du nettoyage des sites militaires est chiffré à environ 200 milliards de dollars, soit le coût du programme nucléaire militaire américain dans son ensemble.

la gestion française des encombrants

AIEA : « Politique à suivre en cas d’accidents et de dangers imprévus (style Tchernobyl Ndlr)
… deux écueils à éviter : d’une part éveiller l’anxiété par la publicité et, d’autre part, imposer des précautions en dépit de déclarations officielles assurant que les risques sont négligeables. »

La direction 96/29 Euratom a dû s’habiller de libéralisme pour faire passer ce qui se révèle être la plus grande affaire d’empoisonnement planétaire légale.

La polémique tourne autour de la notion de faible radioactivité, appelée « très faible » radioactivité par les déchets nucléaires encombrants.

Car si l’on vante le faible encombrement des déchets hautement radioactifs, tant controversés, on évite par contre de trop s’attarder sur la quantité astronomique des déchets produits, lors du démantèlement des centrales nucléaires.

Les têtes pensantes avaient un choix à faire pour leur gestion. Et au lieu de concentrer les déchets ils ont décidé au contraire de les répartir.

Car si le nombre de cancers mortels, non mortels et autres pathologies radio-induites par la dissémination radioactive est la même dans beaucoup de régions, sa visibilité sera largement réduite.
Ainsi, ne pourrait-on qu’avec de grandes études longues et coûteuses, entrevoir la réalité dans la part d’augmentation des cancers prise par la dissémination de ces déchets.

-> La solution choisie aux dégâts sanitaires de l’électronucléaire est donc une démocratisation de la morbidité et de la mort radio-induite. 

L’ instauration de seuils de radioactivité

Qu’Euratom fasse passer l’intérêt de l’atome avant celui de la santé publique ne peut étonner. En matière de nucléaire c’est la France qui, depuis longtemps dirige l’Europe. La France sans les français.

Ce n’est qu’en 1991, après la révélation de plusieurs affaires de contamination radioactive soulevées par la CRII-RAD, que ce que la France compte de responsables s’en inquiéta.

On eut le rapport Desgraupes, demandé par le gouvernement, puis vint en 1992 le rapport de Jean Yves Le Déaut, de l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, préconisant des seuils d’exemption.
Techniquement, les seuils devaient être calculés en ne tenant compte que de deux paramètres, l’un excluant l’autre : soit on considérait la limite d’activité de l’ensemble des déchets, soit la limite de concentration.
Cette petite gymnastique permet de faire passer dans les déchets communs des déchets radioactifs, grâce à l’utilisation du calcul le plus avantageux.
Malgré une décision du conseil d’état favorable à ce point de vue, la campagne de pétition contre le projet de seuil d’exemption eut raison de la funeste intention
Il fut abandonné au printemps 1992. Mais jeté par la porte, ce ne fut comme toujours que pour mieux revenir par la fenêtre.
Le 6 juillet, un projet de directive européenne voit alors le jour, il sera adopté le 13 mai 1996. Les seuils ont été votés, les fourchettes et routes radioactives légales, ils ont simplement changé de nom, ils ne sont plus exemption mais « de libération ».
Ce n’est plus de la dispense de charge mais de la libération. Et qui pourrait être contre la libération ? La sémantique à but d’arnaque est, aussi, une grande spécialité nucléocrate.

Avis Final

Le livre Manque de structure pour les thèmes évoquer des déchets et des classifications.
C’est surtout une suite de brèves moyennement structurées qui a plus vocation à dénoncer sans intention de faire quoi que ce soit, que d’établir un propos construit. Cela évidemment tache l’argumentaire.
Le manque d’alternatives envisagées pour le nucléaire ainsi que la présence de l’idée sous-jacente que le nucléaire ne peut être que négatif nuit aussi à l’argumentation.

La mentalité type Monsanto de déni complet et de non prise en compte du long terme, quitte à court-circuiter la nature et indirectement une économie, est bien présente dans le nucléaire (privatiser les bénéfices et socialiser les coûts).

Ce recueil reste néanmoins informatif et intéressant comme introduction.

[1] A ce propos, lire le livre de Christian Pénicaux le cri de la terre ». 1997. Publié à ces frais. Scandale à propos de la mine de Vieilles Sagnes dans le Limousin.

[2] Bruno Barrillot, Mary Davis. Les déchets nucléaires militaires français. CDRPC,lyon, 1994

[3] Commission de recherche et d’information Indépendantes sur la Radioactivité. C’est un groupe de simples citoyens de la drome. Au départ, difficulté à trouver des laboratoires disposés à étudier leurs échantillons. Robert Béraud, de l’institut de Physique Nucléaire de Lyon, va accepter d’analyser leurs échantillons ainsi que de former les futurs responsables de la CRIIRAD. L’aide bénévole de ce scientifique, plus désireux de savoir que soucieux de sa carrière a été déterminante. Cette association s’est formé suite à l’accident de Tchernobyl et à la complaisance du gouvernement, et donc la SCPRI, dans son explication de la situation. L’épreuve de force commence donc dès la création de l’association dans la tentative de révéler le mensonge radioactif. Celle-ci comprend vite qu’elle a besoin d’un laboratoire spécialisé dans la mesure de radioactivité.

[4] Désastre nucléaire en Oural. Jaurès Medvedev. Edition Isoète, Cherbourg, 1988. Traduit de « nuclear disaster in the urals », UK, 1979. Ce livre a eu un mal de chien a trouvé un éditeur du au pression du lobbying nucléaire.